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« Il était important pour moi d’immortaliser l’histoire de la femme »

« J’ai commencé à m’intéresser à l’histoire des femmes quand j’ai travaillé sur la dot (1) de ma grand-mère, pour la série « L’essentiel est invisible pour les yeux ». C’est après ça que j’ai commencé à comprendre que les femmes étaient des reines, grâce aux histoires que ma grand-mère m’a raconté. Elle m’expliquait comment elle a lutté, élevé ses enfants presque seule, et je me suis rendu compte que son histoire avait presque été oubliée par la famille.

Ensuite, j’ai vu qu’au Bénin, on parle des quatorze rois, mais on ne parle pas de la seule femme qui a été reine.

En Afrique, ce sont les femmes qui sont le socle des traditions. Mais ces femmes ne sont jamais citées, c’est l’homme qui est toujours devant. Quand on prend la société secrète des Egunguns (2) par exemple, c’est la femme qui fait la prière d’abord, c’est elle qui est la prêtresse, alors qu’on dit toujours que la femme ne doit pas être dans le couvent. Est-ce que c’est une sorte d’hypocrisie ? Qu’est-ce qu’on nous cache en réalité ? Pour moi, il était important d’aller travailler sur ces reines du quotidien, pour comprendre un peu... Car il y a des choses qui sont cachées, et on ne les trouve pas nécessairement dans les livres.

Alors il était important pour moi d’immortaliser l’histoire de la femme avec la seule chose que je sais faire peut-être le mieux : la photographie. Parce que la femme en réalité est au centre de tout ce qu’on fait. Je ne donne pas à la femme sa place, la place de la femme est déjà là. Je révèle seulement juste quelque chose qu’on essaie de voir, mais on détourne le regard. »

 

 

(1) La dot est un ensemble de biens que la famille d’un époux apporte à la famille de l’autre époux lors d’un mariage, dans certaines cultures.

(2) Au Bénin, les « Revenants », également appelés « Egunguns », appartiennent au culte vodoun. Selon la croyance, les « Egunguns » représentent des morts revenants. Ils sortent au cours de cérémonies spéciales pour lesquelles on les invoque, parés de tissus variés et richement garnis, s’exprimant en yoruba et effectuant des danses.

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