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Il y a des civilisations qui ont laissé beaucoup de traces archéologiques, ces traces sont visibles dans certains musées, dans des livres d’histoires, dans les esprits à qui on a transmis leur histoire.

D’autres civilisations sont moins connues, ou totalement inconnues parce que leurs histoires ont été oubliées, effacées, noyées sous les eaux ou parce que leurs histoires se transmettent d’une autre manière. Aïcha Snoussi et la mission archéologique LIXE sont en train de mettre à jour l’une d’entre elles : La civilisation des Tchechs, une civilisation queer, africaine, nomade, dont on a retrouvé des traces au large de l’île de Zembra en Tunisie, ainsi que sur les côtes de Ouidah.

Cette civilisation a un ensemble de pratiques, de rituels, de puissances et de cultes que la mission Lixe perpétue à travers cette exposition dans un devoir de transmission au futures générations. Cette transmission se fait par des gestes, des installations, des

dispositifs, des sons, des expériences et un ensemble d’agencements qui activent cette mémoire invisible.

La civilisation est attachée au culte de la mer, ainsi que celui du soleil. Elle a un langage particulier, celui qui ne se lit pas avec la langue. Sa couleur est le vermanie, bleu-vert, et les quatre éléments sont omniprésents. Les Tchechs ne sont ni hommes ni femmes ou hommes-femmes. Les corps sont infinités de possibles tout comme les pratiques sexuelles autour d’objets. Chaque espace de ce lieu active une pratique particulière, vieille de milliers d’années, mais qui ne prends forme qu’à travers des éléments du présent. Ce procédé est la clé du passage.

 

L’histoire des Tchechs prend forme et vie à travers les objets présentés. Chaque chambre raconte cette histoire, dans une autre forme que celui des mots dans un livre.. Lixe et l’artiste ont été des corps réceptifs et transmetteurs pour délivrer un message de 3000 ans. Un message qui vient des profondeurs, qui se lit entre les couches, dans les caves. Un message queer transmis par nos ancêtres, des amant.es entre les rives.

"Une pratique du souterrain, du caché, de l’invisible traverse déjà mon travail dans une approche archéologique. Autour des objets, des lieux et de la mémoire réinvestis, des cahiers ouverts et creusés, des encyclopédies retournées comme un terrain de fouille, des os gravés. Il y a une volonté de traverser le temps dans un sens non-linéaire, vers les profondeurs. Aller du point zéro, vers le -1, -2, -99. Glissement dans la terre, dans le papier, dans l’histoire, dans les corps."

​Aïcha Snoussi

Née en 1989, à Tunis. Vit et travaille à Paris. Aïcha Snoussi est diplômée de l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Tunis et de l’Université de la Sorbonne. Graveuse de formation, le dessin à l'encre noir est au centre de ses expérimentations. Des fresques in situ aux installations de cahiers, le dessin est pensé comme un outil de fouille et de déconstruction - développé autour de fictions queers et féministes. Anticodexxx, le livre des anomalies ou encore undefined scrolls sont des projets d'anti-savoirs, qui questionnent les normes établies et la pensée dominante en créant d'autres imaginaires possibles.

Par le recours à la fiction, aux fonctions de l’encyclopédie et à l’expérimentation in situ, le dessin est réfléchi comme une opération qui tenterait de dépecer les choses et les savoirs ancrés, telles que les normes de genre, de corps et de sexualités.

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