A l’heure des cadeaux de Noël, ou tout simplement pour se faire plaisir, nous avons cherché où et comment trouver de beaux livres sur les artistes contemporains du continent. Ce n'est pas très simple car il y a encore peu de publications sur les artistes africains et ces dernières arrivent, souvent, très rapidement en rupture de stock. Nous vous recommandons donc d'abord des lieux, physiques ou digitaux, qui proposent de tels ouvrages; puis nous listons quelques livres clés, que vous pourrez vous procurer facilement.
Quand les livres sont épuisés, nous avons mis des liens vers des vendeurs qui semblaient avoir des exemplaires d’occasion en bon état mais faîtes attention, les prix varient fortement dans le temps et d’une plateforme à l’autre.
La mine d’or
La boutique en ligne de la Revue Noire constitue l’une des librairies les mieux achalandées en livres passionnants. Anthologie de l’art africain, de la photographie africaine ou monographies d’artistes, vous y trouverez des livres remarquables rédigés sous la houlette de Jean Loup Pivin, N’Goné Fall ou Simon Njami. Vous pourrez également acquérir certains exemplaires de la Revue Noire, magazine mythique consacré aux expressions artistiques africaines qui parut de 1991 à 2000. Les livres peuvent être achetés en version papier ou en PDF.
Nos coups de coeur : Mama Casset et les précurseurs de la photographie au Sénégal, 1950; Anthologie de la photographie africaine et de l’océan indien; L’afrique par elle-même; Sentimental Products de Joel Andrianomearisoa et la monographie de Rotimi Fani Kayode.
En un clin d’oeil
Les éditions de l’oeil proposent les Carnets de la création, une ligne de livres de petit format à petit prix (5,60€) . Le principe est simple : un artiste, un auteur. Environ 24 pages pour découvrir un univers de création. Ces ouvrages sont évidemment loin d’être exhaustifs mais ils permettent la découverte et se consacrent la plupart du temps à des artistes qui n’ont pas encore fait l’objet d’autres publications monographiques. On a adoré les éditions consacrées à Omar Victor Diop, Billie Zangewa, Nontsikelelo Veleko, Abdoulaye Konaté…
Pionnière à Paris
La Fondation Cartier a présenté régulièrement et bien avant tous les autres musées français, au cours des 30 dernières années, des expositions consacrées à l’Afrique et ses artistes : en 1994, Seydou Keita, en 1995, Bodys Isek Kingelez, en 2000 Ojeikere, en 2004 Chéri Samba. Malheureusement la plupart de leurs catalogues sont épuisés même si on peut en trouver certains d’occasion comme le livre culte « J’aime Chéri Samba ».
Dans sa librairie en ligne, on trouve les catalogues d’expositions récents , comme le superbe « Malick Sidibé, Mali Twist » ou « Beauté Congo, Congo Kitoko », qui raconte la scène congolaise de 1920 à nos jours.
N’oubliez pas que la Fondation édite également des coloriages formidables pour les enfants et vous trouverez sur son site celui de Chéri Samba !
Rue Mazarine à Paris
Dans la galerie d’Imane Farès, on trouve les livres consacrés aux artistes qu’elle représente, comme le formidable « Lagos Soundscapes », dans lequel Emeka Ogboh offre une captation sidérante de la ville tentaculaire nigériane ou bien encore « Hunting and collecting », un projet de recherche et d’exposition de Sammy Baloji entre art contemporain et archives, Congo et Belgique, passé et présent.
Maroc : Des livres en téléchargement gratuit
Pour les habitants de Marrakech, il sera facile de se rendre dans la librairie du musée d’art contemporain, le Macaal, pour trouver les très beaux livres qu’ils éditent à l’occasion de leurs expositions. Pour les autres c’est nettement plus complexe de les dénicher en version papier mais l’équipe du musée a pensé à résoudre le problème en offrant le téléchargement gratuit (plus difficile à offrir à Noël mais d’une accessibilité totale pour tous les lecteurs). Vous pourrez donc consulter des ouvrages aussi variés que « Have you seen a horizon lately » de Marie-Ann Yemsi ou « Material Insanity » de Meriem Berrada dès que vous aurez cliquer sur les liens.
À noter, le livre consacré à Mohamed Melehi, artiste majeur marocain, disparu cette année, peut se commander en ligne.
Ouidah on line
Pour retrouver les livres de la Fondation Zinsou, il suffit de vous rendre au Musée de Ouidah ! Si vous n’êtes pas au Bénin, de nombreux libraires les proposent sur internet et sinon ils sont en téléchargement libre sur notre site
Si vous n’avez pas vu l’exposition, ne ratez pas le livre !
Première exposition monographique de Pascal Marthine Tayou dans les Caraïbes, Black Forest fait l’objet d’un très beau livre, dirigé par Jérôme Sans, dans lequel on navigue entre son passionnant entretien avec l’artiste et les trente dernières années de création de Tayou.
Si vous avez raté l’exposition « Les Initiés » à la Fondation Louis Vuitton, il est temps de la
découvrir dans le catalogue éponyme. La collection de Jean Pigozzi permet d’approfondir sa connaissance des artistes mythiques comme Bruly-Bouabré, Mansaray ou Moké ainsi que des maîtres contemporains comme Hazoumè, Nimi ou Toguo. Vous le trouverez sur le site de l’éditeur (il est en rupture de stock sur le site de la fondation). Un autre catalogue mérite d’être lu; il a été édité pour la seconde exposition de la fondation, consacrée à l’Afrique du Sud, « Etre là ».
Pour se plonger dans l’univers de Joel Andrianomearisoa, « I have forgotten the night » est probablement l’ouvrage le plus pertinent. Edité à l’occasion de sa première participation à la Biennale de Venise, ce livre objet est un véritable prolongement de l’oeuvre de l’artiste et une porte ouverte sur les émotions qui traversent cette dernière.
Si Kehinde Wiley est devenu internationalement célèbre après avoir réalisé le portrait officiel de Barack Obama pour la National Gallery, il est surtout l’artiste qui s’insurge contre «l'absence du corps noir dans les tableaux » inscrits dans l’histoire de l’art. Le livre réalisé par le Brooklyn Museum lors de son exposition « A New Republic » est difficilement accessible aujourd’hui mais nous venons de découvrir un nouvel ouvrage « Le peintre de l’épopée » qui mérite d’être signalé. Vous pouvez trouver ses livres sur le site de sa galerie française, Daniel Templon.
Le jeune artiste Hicham Berrada fait l’objet d’un fascinant ouvrage coédité par son galeriste Kamel Mennour et la Pinault Collection. Si vous n’êtes pas familier de son univers, ce livre vous promet une belle découverte entre chimie et art contemporain, entre poésie et connaissance scientifique, entre monde réel et irréel. A travers un Bécher, l’artiste nous plonge dans la création du monde.
De l’expositon IncarNations, il reste le catalogue. Le regard de Kendell Geers sur la collection du regretté Sindika Dokolo, ainsi qu’un texte magnifique de Souleymane Bachir Diagne sur la Négritude et un intéressant entretien sur la collection Dokolo mené par Anna Alix Koffi du magazine SWAG (Something We Africans Got).
Un grand classique qui traverse le temps est évidemment le catalogue de l’exposition Africa Remix de Simon Njami. Cette exposition culte, du début des années 2000, a mis en lumière la création contemporaine du continent de manière extrêmement ambitieuse, à travers les oeuvres de 87 artistes réparties en trois catégories : identitié et histoire, ville et terre, corps et esprit. Ce livre a été publié dans les langues de tous les pays qui ont accueilli l’exposition, il est donc encore possible de s’en procurer, en français, japonais, allemand ou anglais.
A l’heure où va s’ouvrir la grande exposition parisienne d’El Anatsui, à la Conciergerie, un splendide ouvrage retrace sa carrière chez Prestel, qui vient de tirer une seconde édition enrichie du livre de Susan Vogel qui raconte la vie de l’artiste au Nigéria, la genèse de son oeuvre, le quotidien de son atelier et offre une analyse très approfondie de ses travaux.
Pour les amateurs de photographie
Nous avons déjà évoqué Mali Twist de la Fondation Cartier qui retrace les surprise party, la plage ou les photos de studio de Malick Sidibé. Un ouvrage très différent permet de découvrir une autre dimension de son travail, « Au village » où Brigitte Ollier lève le voile sur les images que le photographe a prises tout au long de sa vie à Soloba, dont il était originaire.
Malheureusement le magnifique livre de Steidl sur Seydou Keita est épuisé mais si vous avez l’occasion de la trouver, il ne faut pas hésiter à l’acheter ! Un ouvrage plus modeste dans sa réalisation mais qui n’enlève rien à la force de l’oeuvre est disponible chez Photo poche et permet de se plonger dans l’univers du portraitiste classique de Bamako.
Deux photographes de la même époque sont mis à l’honneur chez Clémentine de la Ferronière et à la Revue Noire, James Barnor et Jean Depara. Un très bel ouvrage permet de parcourir les photographies de James Barnor des années 50 à 70 d’abord au studio Ever Young qu’il crée à Accra, puis à Londres où le mènera son contrat avec Drum, dans les années 60, au coeur du swinging London. 'NIGHT & DAY IN KINSHASA, 1955-1965’ est un voyage dans la capitale congolaise où Depara a capté le changement d’époque, la jeunesse qui danse au rythme des sons de Franco et de l’OK Jazz, les voitures américaines, les cow boys et la rumba… Un travail moins célébré que celui de ses contemporains maliens mais qui mérite d’être découvert !
Somnyama Ngonyama est l’un des livres les plus marquants de notre époque. Détournant les codes de la photographie ethnographique, Zanele Muholi se met en scène dans cette autobiographie visuelle et nous oblige à questionner le monde qui nous entoure et nos histoires. La Tate Modern lui consacre une exposition majeure jusqu’au 6 juin 2021.
Samuel Fosso est probablement le photographe du continent à qui est consacré le plus grand nombre d’ouvrages. Vous les trouverez très facilement en ligne. Le plus complet est sorti récemment, il s’agit d’ « Autoportrait » édité par la Walther Collection de New York, qui raconte son parcours depuis son premier studio, à Bangui jusqu’aux séries les plus récentes en passant par les iconiques « Série Tati » et « African Spirits ». En Avril est également sorti l’étonnant SixSixSix, un nouveau projet composé de 666 autoportraits pris au polaroïd.
Peu de livres de fond traite de la photographie sur le continent africain. C’est précisément le présent exercice : faire appel à un panel de spécialistes, historiens, curators et journalistes, et republier dans un contexte d’édition papier une partie du contenu d’un site Internet qui a été fondateur pour la diffusion de la pratique photographique en Afrique. Afrique in Visu est une plateforme participative d’échanges autour du métier de photographe en Afrique, lancée en 2006 au Mali par Jeanne Mercier et Baptiste de Ville d’Avray. Forte d’une centaine de collaborateurs réguliers (photographes, journalistes, critiques), c’est une archive vivante et un laboratoire de création autour de la pratique photographique en Afrique.
N'hésitez pas à nous signaler, en commentaires, d'autres ouvrages qui vous ont intéressés.
Bonne Lecture !
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